Marama Vahirua raconte comment Émerse Faé lui a « sauvé la vie » à Grenoble

Quand j’ai interviewé Marama Vahirua dans les bureaux du GF38, j’ai immédiatement été frappée par sa simplicité. L’ancien attaquant du FC Nantes m’a raconté avec émotion comment son parcours d’entraîneur a débuté grâce à un ami précieux. Une histoire qui mérite d’être partagée avec vous!

De la pagaie nantaise au banc grenoblois

Depuis l’été 2023, Marama Vahirua a posé ses valises à Grenoble pour intégrer le staff du club isérois. « C’est Olivier Monterrubio qui m’a proposé de venir », me confie-t-il avec un sourire reconnaissant. Son ancien coéquipier, aujourd’hui responsable du recrutement, a joué les entremetteurs pour ce nouveau chapitre professionnel.

Après des années passées au Gym comme coach des jeunes, l’ancien attaquant tahitien occupe désormais une double fonction: entraîneur de la réserve en Régional 1 et coach des attaquants du groupe professionnel. Un nouveau défi qu’il aborde avec passion.

Ce qui m’impressionne chez lui? Sa volonté d’instaurer un jeu technique et collectif avec ses équipes. « J’ai été profondément marqué par mes années à Nantes. Les valeurs du FC Nantes sont dans mon sang, elles coulent dans mes veines », m’explique-t-il avec conviction.

« Mon objectif? Que mon équipe cherche toujours à jouer au ballon. Ma victoire, ce sera quand un de mes joueurs s’entraînera avec les pros », ajoute celui qui n’a rien perdu de sa vision du jeu.

Émerse Faé, le sauveur inattendu

L’après-carrière n’a pas été un long fleuve tranquille pour Marama Vahirua. « J’ai connu une vraie dépression. Quand tu te lèves tous les jours pendant 15 ans pour jouer au foot et que du jour au lendemain on te dit que c’est fini, c’est violent », m’avoue-t-il avec une sincérité désarmante.

De retour à Tahiti, il a multiplié les expériences professionnelles sans trouver sa voie: restaurateur, gestionnaire de maisons d’hôtes, directeur technique d’un golf, vendeur automobile… Une période d’errance qui a duré sept ans et lui a fait prendre « 30 kilos ».

Expériences post-carrière à Tahiti Résultats
Restauration Insatisfaisant
Maisons d’hôtes Mitigé
Directeur technique (golf) Peu épanouissant
Vente automobile Sans passion

C’est là qu’intervient Émerse Faé, son ancien coéquipier à Nantes puis Nice. « C’est lui qui a eu l’idée de me faire venir à Nice. Encore aujourd’hui, je lui répète qu’il m’a sauvé la vie », confesse Vahirua avec émotion. Une main tendue qui l’a sorti de l’ornière et lui a permis de retrouver sa place dans le monde du football.

Ce coup de pouce providentiel illustre parfaitement la force des liens tissés dans le vestiaire. J’ai toujours trouvé enchantant comment ces connexions peuvent transformer des trajectoires de vie.

Former des joueurs et des hommes

Ce qui me frappe dans sa philosophie d’entraîneur, c’est cette volonté de transmission qui dépasse le simple aspect technique. Vahirua veut former des hommes, pas uniquement des footballeurs. Une approche qu’il a héritée de ses années nantaises.

« La force du FC Nantes, c’est qu’il ne formait pas que des joueurs, il formait surtout des hommes », souligne-t-il. Une vision qui résonne parfaitement avec les valeurs que je défends dans mon travail quotidien.

Son approche pédagogique s’inspire de plusieurs figures qui l’ont marqué:

  • Raynald Denoueix et son jeu collectif légendaire
  • Christian Gourcuff, le « mathématicien » du football
  • Frédéric Antonetti, dont il a retenu « des bonnes et des mauvaises choses »

Le plus touchant? Sa relation avec son fils Hirinai, 19 ans, qui évolue dans son groupe à Grenoble. « Je lui demande régulièrement s’il veut que je lui parle en tant qu’entraîneur ou étant père. Quand il me répond l’entraîneur, je suis intransigeant, alors que le père lui dira toujours qu’il est le meilleur. »

Un héritage à perpétuer

Marama Vahirua nourrit l’ambition de s’inscrire dans la lignée des entraîneurs formés à l’école nantaise. « C’est un peu présomptueux, mais j’aimerais qu’on puisse placer Marama dans cette école d’entraîneurs nantais. Représenter, à mon échelle, les couleurs du FC Nantes et de ma génération », confie-t-il.

Sa vision du football? « Une équipe qui anticipe et qui joue au football par rapport et en fonction de son coéquipier, du ballon, et de l’adversaire. Être dans la réflexion, l’animation et dans les déplacements. »

Ce qui me fait vibrer dans cette approche? Cette esthétique du jeu qui prône l’intelligence collective plutôt que les exploits solitaires. Un football de connexions, exactement ce qui manque parfois aujourd’hui.

Quand je l’interroge sur sa réaction face à un jeune attaquant qui tenterait un geste audacieux pour son premier ballon, sa réponse est sans équivoque: « Magnifique! S’il tente un lob et que c’est le jeu, c’est que le mec a pris l’info, il a analysé, exécuté. Et s’il le rate, l’échec fait partie de ce processus de réussite. »

Une philosophie où l’audace n’est jamais punie, tant qu’elle s’inscrit dans une lecture intelligente du jeu. Exactement ce qui me fait vibrer quand je regarde un match!

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