Je dois vous avouer que même après tant d’années passées à raconter les histoires de notre football, je reste captivée par ces amitiés qui transcendent les rivalités sportives. Dans l’univers impitoyable du ballon rond, la relation entre Antoine Kombouaré et Laurent Blanc se révèle particulièrement touchante. Deux hommes que tout pourrait opposer sur le banc de touche, mais qui partagent bien plus qu’une simple passion pour le football. Les terrains de golf sont devenus leur terrain d’entente privilégié, loin du tumulte des stades. Une histoire d’amitié, de respect et de moments partagés qui mérite d’être racontée.
Une amitié qui transcende le football professionnel
Il existe des liens dans le monde du football français qui dépassent la simple camaraderie entre collègues. C’est exactement le cas entre Laurent Blanc (57 ans) et Antoine Kombouaré (59 ans), deux figures emblématiques de notre sport national. « Un mec droit, très droit » que Blanc « adore » – voilà comment l’ancien sélectionneur des Bleus décrit son ami. De son côté, l’entraîneur kanak ne tarit pas d’éloges : pour lui, Blanc est « plus qu’un ami », il fait partie de « la famille ».
Étonnamment, ces deux hommes se sont connus « très tard » dans leurs carrières respectives de joueurs professionnels, d’abord lors d’un match en équipe de France A’. Malgré plusieurs confrontations sur les terrains, c’est grâce à des amis communs qu’ils se sont véritablement rapprochés. Entre eux, « ça a collé tout de suite ». Un sentiment que je comprends parfaitement quand on rencontre ces personnalités authentiques qui nous marquent dès les premiers échanges.
Le véritable ciment de leur relation? Un voyage en Nouvelle-Calédonie pour le jubilé de Christian Karembeu. Laurent est venu avec son épouse découvrir les îles natales d’Antoine – l’île des Pins, Lifou. Ces moments partagés ont créé un lien indestructible. Comme le confie Kombouaré : « Il a compris la culture, d’où je venais, où j’avais vécu ». J’ai toujours admiré ces amitiés qui se construisent sur la compréhension profonde de nos racines.
Des caractères complémentaires
En les observant interagir, j’ai souvent été frappée par leurs personnalités si différentes mais complémentaires. Kombouaré se décrit avec « un tempérament de feu », tandis qu’il voit en Blanc quelqu’un de « sage, calme ». Cette complémentarité explique peut-être la force de leur amitié, comme le souligne l’actuel coach nantais : « les différences s’assemblent ».
Pourtant, le « Président » n’est pas dupe et voit des similitudes que je trouve tout aussi révélatrices : « On a certainement un peu le même caractère. Alors lui, il le confirme encore plus que moi… Mais, en tout cas, on a de sacrés caractères de cochons ». Cette franchise mutuelle témoigne d’une relation sincère, loin des faux-semblants qui peuvent parfois régner dans le milieu du football.
Le golf, passion commune et terrain de compétition amicale
Loin des pelouses de Ligue 1 et des bancs de touche, Kombouaré et Blanc se retrouvent régulièrement sur les greens. Le golf est devenu le terrain privilégié de leur amitié, un espace où compétition et plaisir se mêlent harmonieusement. Les deux hommes participent ensemble à des tournois caritatifs comme celui de Gervais Martel ou la Legends Cup, prolongeant leur esprit sportif dans un cadre plus détendu.
Leur niveau de jeu se situe « entre 5 et 9 », ce qui est considéré comme très honorable dans le milieu. Antoine joue avec un index autour de 10 (après avoir atteint 6 ou 7), tandis que Laurent, malgré de belles progressions, regrette de ne pas avoir pris plus de cours. Selon Eric Roy, entraîneur de Brest et également golfeur: « C’est Antoine le meilleur, même si Laurent a beaucoup progressé ».
- Ils ne partent jamais en vacances sans leurs clubs de golf
- Ils jouent régulièrement avec d’autres sportifs comme Alain Boghossian
- Ils partagent cette passion depuis de nombreuses années
- Ils y trouvent un équilibre après l’intensité du football
Ce que le golf représente pour eux
Pour Kombouaré, le golf évoque trois mots essentiels : « Rencontre, Plaisir, Partage ». Ce contraste saisissant avec l’ambiance survoltée des stades de football lui offre une respiration nécessaire. Je comprends parfaitement cette quête d’équilibre quand on a passé sa vie dans le tumulte des arènes sportives.
De son côté, Blanc établit une analogie éloquente entre le « coup parfait » au golf et « un coup franc ou un plan de jeu qui fonctionne à merveille » au football. Il apprécie particulièrement que « à 60 ans, vous pouvez rivaliser avec un jeune de 20 » – une perspective réjouissante pour ces deux sportifs qui approchent la soixantaine mais gardent intact leur esprit compétitif.
Du PSG au bord des greens : parcours parallèles
Leurs trajectoires professionnelles présentent d’étonnantes similitudes. Tous deux ont d’abord été joueurs du Paris Saint-Germain avant d’en devenir entraîneurs – une particularité rare. Antoine a disputé 137 matchs avec le club parisien dans les années 90, marquant notamment ce but légendaire contre le Real Madrid en 1993. Laurent y a joué 95 rencontres au début des années 2000, portant même le brassard de capitaine.
Sur le banc du PSG, leur destin a pris des chemins différents. Kombouaré a été le premier coach de l’ère QSI en 2011-2012, mais n’a dirigé que 28 matchs. Blanc, lui, a régné de 2013 à 2016, décrochant 11 trophées (record du club) et affichant le plus faible pourcentage de défaites (9,3%). Il a également établi un record de longévité sous l’ère qatarie avec 173 matchs à la barre.
Une complicité visible en dehors des terrains
J’ai toujours été touchée par ces moments où l’on aperçoit d’anciens rivaux partager une complicité sincère. On les a ainsi vus ensemble dans les tribunes d’Anoeta pour un match entre la Real Sociedad et le PSG, accompagnés d’Alain Roche, autre figure parisienne. Ces instants de camaraderie authentique nous rappellent que derrière les enjeux sportifs se cachent des hommes partageant une même passion.
Rivaux sur le terrain, amis dans la vie
La beauté de leur relation réside dans cette capacité à séparer l’amitié de la rivalité professionnelle. En tant qu’entraîneurs, ils se sont affrontés à 9 reprises, avec un bilan largement favorable à Blanc (6 victoires contre 2 pour Kombouaré et 1 match nul). Pourtant, jamais ces résultats n’ont entamé leur relation.
Leurs déclarations avant leurs confrontations traduisent parfaitement cet équilibre subtil. Kombouaré affirme sans détour : « On ne se fera pas de cadeaux, jamais de la vie. C’est comme ça qu’on se respecte ». Blanc lui fait écho : « Au coup d’envoi, il n’y aura plus d’amis. Chacun voudra battre l’autre ». Cette capacité à maintenir une amitié profonde tout en restant des compétiteurs acharnés force mon admiration.
La force des liens personnels
Ce qui m’émeut particulièrement dans cette relation, c’est qu’elle s’est construite loin des projecteurs, sur des expériences humaines authentiques. Cette visite des îles natales de Kombouaré a marqué un tournant. En découvrant l’île des Pins et Lifou, Blanc a pénétré l’univers intime de son ami, comprenant ses racines et sa culture. Un geste qui dépasse largement le cadre habituel des relations entre footballeurs.
Aujourd’hui, leurs familles passent régulièrement du temps ensemble pendant les vacances – une rareté que Kombouaré souligne lui-même : « Je n’ai pas beaucoup de footeux avec qui je pars en vacances ». Une amitié qui traverse les années, les compétitions et les générations – un exemple inspirant dans le monde parfois impitoyable du football professionnel.
Moi, c’est Clara, 42 ans, passionnée de communication digitale et de récits jaunes et verts. Native de Saint-Nazaire, j’ai grandi avec le FC Nantes en fond sonore tous les dimanches à table. Aujourd’hui consultante en stratégie de contenu, je collabore avec FCNhisto.fr pour faire vivre le club autrement : à travers ses souvenirs, ses supporters, ses petites histoires qu’on ne lit pas dans les palmarès.