Je viens d’apprendre avec émotion le décès de Didier Roustan, figure emblématique du journalisme sportif français. Partie le 11 septembre 2024 à 66 ans des suites d’un cancer fulgurant du foie, cette voix unique du football nous a quittés. Vous le connaissez certainement pour sa carrière impressionnante de plus de quatre décennies, son style atypique et ses analyses fines du jeu. Personnellement, j’ai toujours été passionnée par sa vision romantique du football, sa manière de raconter les histoires de ce sport avec coeur et mémoire. Celui qui était « Président à vie » de L’Équipe du soir laisse un héritage immense que je souhaite vous faire découvrir ou redécouvrir.
Une vie dédiée au football : de la Côte d’Azur aux plateaux de télévision
Des débuts précoces dans le journalisme
Né le 10 octobre 1957 à Brazzaville, Didier Roustan pose ses valises à Cannes à l’âge de 3 ans. Cette ville deviendra son point d’ancrage, forgeant son attachement indéfectible à l’AS Cannes. Je suis toujours impressionnée par ces destins qui se dessinent tôt : à seulement 17 ans, en 1976, il débute comme stagiaire au service des sports de TF1. Son parcours est fulgurant puisqu’il commente son premier match international trois ans plus tard – une rencontre Suède-France le 5 septembre 1979. Quand je repense à mes débuts dans l’écriture, je me dis que ce genre d’audace et de précocité force le respect.
Ce jeune homme qui jouait libéro dans sa jeunesse cannoise a rapidement troqué les crampons pour le micro, avec cette passion débordante pour le football et ses histoires humaines. Chaque fois que je l’écoutais parler de tactique ou d’émotions vécues en tribune, je sentais cette authenticité rare dans le métier.
Un parcours médiatique riche et varié
Sa carrière médiatique est impressionnante par sa diversité et sa longévité. Roustan a navigué entre les plus grandes chaînes françaises avec un talent rare. Voici les étapes marquantes de son parcours :
- Rédacteur en chef de l’émission culte Téléfoot sur TF1 de 1986 à 1989
- Créateur et animateur du « Mag Max » sur Canal+, émission qui a révolutionné le traitement du football à la télévision
- Duo mémorable avec Eric Cantona pour commenter l’Euro 92 et la Coupe du Monde 94 sur Antenne 2
- Consultant et « Président à vie » de L’Équipe du soir sur la chaîne L’Équipe
J’admire comment il a su se réinventer tout en gardant intacte sa passion. Son style décalé et son ton sans compromis ont fait sa marque de fabrique. Je me souviens encore de ces soirées où, devant mon écran, j’attendais ses analyses toujours pertinentes et jamais convenues sur les matchs de Ligue des champions.
Contributions majeures au monde du football
Didier Roustan était bien plus qu’un simple journaliste. Son engagement pour le football dépassait largement le cadre du commentaire. Il a participé activement à la création de la nouvelle formule de la Ligue des Champions dans les années 1990, révolutionnant ce qui est devenu aujourd’hui la compétition européenne par excellence.
Son héritage comprend également la création de la Coupe de la Ligue française pour France Télévisions. Avec Diego Maradona et Eric Cantona, figures légendaires de ce sport, il a fondé l’Association internationale des joueurs professionnels, défendant leurs droits à une époque où la solidarité entre footballeurs n’était pas encore structurée.
La lutte contre la violence et le racisme dans les stades lui tenait particulièrement à cœur. En 2003, aux côtés d’Arsène Wenger, il crée l’association « Foot Citoyen » pour promouvoir des valeurs d’intégrité et de respect dans le football. Ces engagements témoignent d’une vision profondément humaine du sport, celle qui me touche personnellement quand je raconte des histoires de supporter.
Un style unique et une personnalité marquante
Ce qui m’a toujours impressionnée chez Didier Roustan, c’est cette capacité à transformer un simple match en récit épique. Son lyrisme et sa vision romantique du jeu étaient uniques dans le paysage médiatique. Il défendait un football populaire, authentique, loin des dérives financières qui gangrènent parfois ce sport.
Ses relations avec les grands noms du football illustrent la considération qu’on lui portait. De Pelé à Cruijff, en passant par Zidane et bien sûr Maradona dont il était proche, tous reconnaissaient en lui un amoureux sincère du beau jeu. Ses anecdotes, comme ce reportage surréaliste où il avait fait entrer un loup dans les vestiaires de l’OM, révélaient un esprit créatif et audacieux.
- Sa dernière apparition télévisée remontait au 22 juin 2024, où il avait évoqué ses problèmes de santé
- Sa dernière couverture sportive fut la Copa America 2024, fidèle jusqu’au bout à sa passion pour le football international
Héritage et engagement pour les nouvelles générations
En 2021, Didier Roustan lance la « Roustan Académie Poissy », permettant à des collégiens de découvrir le journalisme sportif. Cette initiative me touche particulièrement car je crois, comme lui, à la transmission et à l’importance de former la jeunesse à un regard critique et passionné sur le sport.
Son livre « Puzzle », paru en 2023, constitue un témoignage précieux sur sa carrière et sa vision du football. À travers ce recueil de souvenirs, il nous livre ses émotions de supporter et ses analyses tactiques les plus fines, témoignant d’une vie entière consacrée à ce sport.
Je garde en mémoire son regard bienveillant sur les joueurs, sa défense des belles histoires plutôt que des simples résultats, et sa capacité à transformer un geste technique en poésie. Son héritage continuera d’inspirer des générations de journalistes sportifs, dont je fais modestement partie. Le football a perdu l’un de ses plus beaux conteurs, mais son esprit vivra dans nos récits passionnés.
Moi, c’est Clara, 42 ans, passionnée de communication digitale et de récits jaunes et verts. Native de Saint-Nazaire, j’ai grandi avec le FC Nantes en fond sonore tous les dimanches à table. Aujourd’hui consultante en stratégie de contenu, je collabore avec FCNhisto.fr pour faire vivre le club autrement : à travers ses souvenirs, ses supporters, ses petites histoires qu’on ne lit pas dans les palmarès.